Débuts dans l'armée
Fils d'officier, né à Montpellier le 19 septembre 1894, élève au Prytanée militaire de La Flèche. Reçu à l'école spéciale militaire de St-Cyr en 1912, il en sort comme sous-lieutenant le 2 août 1914.
Première Guerre mondiale
Il participe à la bataille des Frontières, il est alors fait prisonnier à Maubeuge le 7 septembre 1914. Il s'évade le 13 septembre et rejoint le 9e zouaves avec lequel il fera toute la guerre. Il participe à la bataille de la Marne, et en sort grièvement blessé le 16 septembre de la même année. Il est fait Chevalier de la Légion d'honneur le 15 novembre 1914 à 20 ans. Après plusieurs mois à l'hôpital, il retourne au front et participe aux première et seconde bataille de Champagne et de Verdun. Il est promu capitaine le 18 mai 1916, et participe à la bataille de la Somme, durant laquelle il est fait prisonnier le 15 novembre 1916, à Saint-Pierre-Waast. Il effectuera trois évasions et sera repris avant de rejoindre la ligne de front. La quatrième sera la bonne et il y réussit le 16 octobre 1918.
Entre-deux-guerres
Il ira en Sibérie, avec la mission du général Maurice Janin, jusqu'au 20 juin 1920. Il ira ensuite en Syrie en 1921, puis rejoindra le 27e bataillon de chasseurs alpins à Annecy en 1922. Il suivra les cours de l'École supérieure de guerre de 1924 à 1926, et aura sa première affectation pour l'Algérie en 1926 à l'état-major du 19e corps d'armée à Alger. Il se marie le 1er juin 1927. Il devient commandant le 25 décembre 1932. Muté au Maroc à Fès, il participe à la fin de la pacification (campagne du Haut-Atlas). De 1933 à 1935, il est chef adjoint du cabinet du résident général au Maroc ; puis de 1935 à 1939, il est à l'état-major du général, commandant supérieur des troupes.
Seconde guerre mondiale
Promu lieutenant-colonel en décembre 1939, il est muté à Metz sur la ligne Maginot avec la 3e Armée. Lors de la débâcle de 1940, il est fait prisonnier le 22 juin avec l'état-major du général, et s'évade peu après pour rejoindre les lignes françaises. Il est nommé colonel le 25 septembre 1941, et part à Ankara comme attaché militaire. À son retour en France en octobre 1942, il prend le commandement du 159e régiment d'infanterie alpine à Grenoble. Après l'invasion de la zone libre par les Allemands, il entre en Résistance et s'évade de France quelques mois après, par avion, avec le général George le 20 mai 1943. Après différents commandements en Afrique du Nord, il est muté en mai 1944 au corps expéditionnaire français en Italie comme commandant de l'infanterie divisionnaire de la 3e DIA, et y gagne le 25 juin 1944 ses premières étoiles de général de brigade. Il libère Sienne en juillet 1944 à la tête de ses régiments. Débarquant en Provence en août 1944 avec la 1re Armée, il remonte le long du Rhône avec ses troupes. Il engage la bataille des Vosges en décembre 1944, à la suite de laquelle il est muté comme commandant de la division de Constantine le 8 mars 1945 (Algérie). Peu après surviennent les évènements de Sétif (8 mai 1945, le jour de l'armistice en Europe), durant lesquels il effectue des opérations de maintien de l'ordre très controversées (voir plus loin dans l'article). En novembre 1945, le général de Gaulle le nomme commandant supérieur des troupes de Tunisie (CSTT).
Après guerre
De 1945 à 1949, il est commandant supérieur des troupes de Tunisie, et est nommé général de division le 20 août 1946. De 1949 à 1955, il est commandant supérieur des troupes du Maroc, et est nommé général de corps d'armée le 7 février 1951, puis obtient sa 5e étoile de général d'armée le 1er août 1954. Grand-croix de la Légion d'honneur le 6 août 1955. Alors qu'il procédait à des opérations de maintien de l'ordre le 22 août 1955 après les émeutes d'Oued Zem, son avion, qu'il pilotait lui-même, s'écrase près de Kasba-Tadla (sur les contreforts de l'Atlas marocain). Il est déclaré "mort pour la France", par décision ministérielle du 20 septembre 1955.
Événements de Sétif (8 mai 1945)
Article principal : Massacres de Sétif et Guelma.
Sur instruction du général de Gaulle, du gouverneur général d'Algérie Yves Chataigneau, du sous préfet André Achiary et sous la responsabilité du général Duval, l'armée a mené une action sanglante pour réprimer cette insurrection, qui sonna la fin de la cohabitation pacifique entre pieds noirs et Algériens et la naissance du sentiment national algérien.
Bien qu'ayant pour objectif officiel de rétablir l'ordre, cette répression aveugle eu pour conséquence de cristalliser un profond sentiment d'injustice déjà latent dans la population. Estimant que l'on juge une action par ses conséquences et non par ses intentions, plusieurs analystes stratégiques estiment que la France métropolitaine avait l'intention non avouée de se débarrasser des départements d'Algérie pour préserver son potentiel de développement.
- L'occasion fut donnée d'identifier et de liquider les réseaux financiers nazis qui soutinrent la frange radicale et indépendantiste du mouvement national algérien. Les autorités françaises n'en firent rien.
- Si une majorité de pieds noirs avait fini par accepter, de gré ou de force, l'indépendance de l'Algérie, il n'en était pas de même pour la population musulmane qui était majoritairement pro-française, ou du moins avait objectivement intérêt à obtenir les mêmes droits que les citoyens français de la métropole (droit de vote, protection sociale, etc.) Ce mouvement de normalisation de la société algérienne était inévitable et était inscrit dans les luttes naissantes pour l'égalité et les droits civiques, en métropole mais aussi en Inde, aux États-Unis, et ailleurs encore. Cela aurait été un sérieux handicap pour la reconstruction de l'économie française. Il fallait à tout prix trouver le moyen de pousser ces Algériens à haïr la France.
- Le mouvement nationaliste algérien naissant avait besoin d'un sérieux coup de pouce et les massacres de Sétif y contribuèrent. Cela mis un coup d'arrêt à l'évolution de la société algérienne et cristallisa les antagonismes, ce qui déboucha sur la guerre d'indépendance.
- Les communistes furent un temps divisés sur la question de savoir s'il fallait soutenir les luttes sociales et les droits civiques des travailleurs algériens plutôt que la lutte pour l'indépendance pure et simple, puis finalement optèrent pour le soutien au F.L.N., sans doute sous la pression de Moscou qui voulait élargir son influence dans la région. L'ampleur du massacre de Sétif acheva de convaincre les hésitants.
Voir l'article massacre de Sétif pour plus de détails. Raymond Duval jeta un regard lucide sur ces événements car il écrivit à sa femme : « Depuis le 8 mai, un fossé s'est creusé entre les deux communautés. Un fait est certain : il n'est pas possible que le maintien de la souveraineté française soit exclusivement basé sur la force. »
Citation
- « Je vous ai donné la paix pour 10 ans, si la France ne fait rien, tout recommencera en pire et probablement de façon irrémédiable. » (À propos du massacre de Sétif).
Une nouvelle insurrection, qui conduira à l'indépendance, interviendra en novembre 1954.
Bibliographie
Annie Rey-Goldzeiguer, Aux origines de la guerre d'Algérie 1940-45, éditions La Découverte, 2002, p. 330-334.